Dynamisme et courage des femmes commerçantes de Zinder
Samedi est jour de marché hebdomadaire au village de Soubdou, situé à une quarantaine de kilomètres à l'Est de Gouré, sur la RN1. C'est l'un des grands marchés de la région de Zinder. C'est également ce jour que le marché de Soubdou connaît une grande affluence : commerçants, grands et petits viennent de tous les horizons de la région et même du Nigeria voisin.
Les marchandises affluent de la même manière. C'est le lieu de rencontres et d'échanges entre les hommes d'affaires. Dans le lot de petits commerçants, se trouvent les femmes. Parmi elles, Hadjia Nana Aïchatou qui vient de la ville de Zinder. Elle est une régulière de ce célèbre marché hebdomadaire. Pour être tôt au marché, elle quitte Zinder généralement le vendredi soir et passe la nuit à Soubdou. Ses marchandises se composent d'articles féminins et pour enfants. Douée dans les marchandages, elle arrive à s'en sortir avec le bénéfice qu'elle gagne. Car Hadjia Nana Aïchatou est aussi éleveur de bétail (mouton principalement). Cette divorcée, dynamique et surtout très courageuse ne veut en aucun cas manquer le marché hebdomadaire de Soubdou. Les marchandises, ou du moins les articles, elle les achète à Kano au Nigeria.
Les débuts n'ont pas été faciles, affirme cette femme d'une cinquantaine d'année qui a roulé sa bosse même en Arabie Saoudite où, dit-elle, elle a passé trois ans à vendre des friperies. D'où son goût pour les effets vestimentaires. Pour cela, elle a dû affronter les pesanteurs sociales qui ont longtemps maintenu les femmes dans un carcan et qui continuent encore de les maintenir dans des conditions difficiles d'épanouissement.
Autre activité de cette brave femme, elle vend également des marchandises de seconde main. Cela fait d'elle une femme indépendante. A l'approche de la Tabaski, Hadjia Aïchatou dont le parc animalier compte une trentaine de moutons, ne se consacre qu'à l'achat et à la vente de ces animaux tant prisés pendant cette période. Pendant, un mois dit-elle, " je laisse de côté les effets vestimentaires pour me consacrer uniquement aux préparatifs de la fête de Tabaski ".
Partie de rien, elle a su aujourd'hui développer ses activités. Grâce à son capital d'expérience et son sérieux, les structures de micro finance de la place n'hésitent pas à lui accorder des prêts qu'elle s'empresse de rembourser.
Pourtant, rien, absolument rien ne prédestinait cette femme au commerce. Car, ajoute Hadjia, " après mon divorce, je ne savais rien faire ". Grâce aux conseils d'une amie, elle a pris son courage à deux mains pour la rejoindre en Arabie Saoudite où, malheureusement, toutes deux ont vécu dans la clandestinité. Une situation qu'elle a endurée pendant deux ans, avant de se décider à rentrer au bercail.
Depuis, elle a appris à se débrouiller et force aujourd'hui l'admiration de ses sœurs et même de certains hommes qui se moquaient d'elle à ses débuts.
Des femmes comme Hadjia Aïchatou, on en trouve de plus en plus dans la communauté urbaine de Zinder. Evoluant dans le secteur informel, certaines d'entre elles vont de bureau en bureau proposer leurs marchandises. D'autres par contre ont leur quartier dans le marché aux puces appelé " Goumama " par les populations de Zinder. Dans ce marché, toutes les affaires ou presque sont dans les mains des femmes. Matelas, vêtements ou chaussures de seconde main en provenance d'Arabie Saoudite, parterres, tapis ou couvertures, tout y est. Ce marché est la raison d'être de bon nombre d'entre elles, pour la plupart d'un âge assez avancé. Comme Hadjia Aïchatou, quelques unes ont séjourné en Arabie Saoudite, avant d'être expulsées par les autorités saoudiennes. Il n'en reste pas moins qu'elles ont gardé des contacts avec des amies ou des parents qui leur envoient des effets vestimentaires usagers qu'elles revendent. A Zinder, elles font partie du décor économique de la ville.
REGARD
Bulletin trimestriel d’information du Réseau des Communicateurs en Population et Développement - N°02 - Juillet 2009
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