WORLD FUTURE - NIGER FUTURE

La production céréalière 2008 en nette amélioration

Poursuivant les travaux de la session budgétaire, les députés nationaux ont procédé, hier, à une série d'auditions de membres du gouvernement, dont notamment celles des ministres du Développement Agricole, M. Mahaman Moussa, de l'Environnement et de la Lutte Contre la Désertification, M. Mohamed Akotey, et de l'Elevage et des Industries Animales, M. Issiah Ag Kato, sur la situation de la campagne agro-sylvo-pastorale.

Ce fut l'occasion pour chacun des ministres interpellés de dresser l'état de la situation des activités de son département ministériel. Il ressort de l'exposé du ministre du Développement Agricole que la campagne 2008 a enregistré une production céréalière (mil maïs, riz, blé, sorgho et fonio) de 4 millions 625 mille 540 tonnes contre 3 millions 368 mille 716 tonnes en 2007.

Exposé du ministre Mahaman Moussa sur la situation de la campagne agricole 2008

"Excellence Monsieur le président de l'Assemblée nationale ;

Honorables députés nationaux ;

Mesdames et Messieurs les ministres, chers collègues ;

C'est un grand honneur pour moi de vous entretenir ce matin comme à l'accoutumée, du déroulement de la campagne agricole d'hivernage 2008 et de vous en présenter les résultats de son évaluation provisoire. Auparavant, permettez moi de faire un bref rappel des efforts consentis par le gouvernement pour accompagner les producteurs au cours de cette campagne.

Excellence Monsieur le président de l'Assemblée nationale ;

Honorables députés nationaux ; au sortir de la campagne agricole d'hivernage 2007, le bilan céréalier a dégagé un excédent net de 215.881 tonnes. Le bilan alimentaire quant à lui, dégage des excédents sur la majeure partie de ses composantes principales. Seulement, la baisse de la production du maïs dans les pays frontaliers qui en sont les producteurs, et la hausse généralisée des prix des produits alimentaires de base sur le marché mondial, ont été des facteurs défavorables à l'approvisionnement des ménages qui en dépendent. Afin de prévenir les risques de pénurie alimentaire, le Dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires à élaboré et mis en oeuvre un " Plan de soutien aux populations vulnérables " sur la base du scénario 1 du Plan National de Contingence dont le Niger, s'est doté. Il s'agissait, en plus du renforcement de la disponibilité des céréales dans les zones vulnérables, d'apporter un soutien aux capacités des populations à faire face aux difficultés durant la période de soudure tout en contribuant au développement de leur terroir par des actions à effet structurant. En plus, sur instructions personnelles de SEM. Mamadou Tandja, Président de la République, Chef de l'Etat, le gouvernement a mis en œuvre des mesures fiscales, des appuis aux victimes des inondations et une opération d'accompagnement du mois de jeûne à côté des efforts de son Programme spécial qui ont permis à plusieurs ménages ruraux d'accéder aux produits alimentaires. Enfin, au regard du rôle primordial de l'agriculture dans la constitution du PIB, le gouvernement a élaboré un programme d'actions prioritaires 2008/2009 pour relancer la production agricole. C'est ainsi qu'au titre de la campagne 2008, les efforts du gouvernement ont porté entre autres sur : l'appui en semences améliorées pour un coût global de 698 millions de francs ; l'achat d'engrais pour vente à prix modéré sur fonds propres pour 5 milliards de francs ; l'achat de pesticides et matériels de traitement pour 746,8 millions de francs ; l'inscription de 9,129 milliards de francs pour la promotion de l'irrigation. Ce programme s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme de développement agricole à long terme tel que défini par la Stratégie de Développement Rural (SDR) qui vise la lutte contre l'extrême pauvreté et la faim et donc l'Objectif N°1 du Millénaire pour le Développement (OMD1).

Excellence Monsieur le président de l'Assemblée nationale ;

La campagne agricole d'hivernage 2008 a démarré à partir de la 1ère décade du mois d'avril avec les premières pluies utiles qui ont permis d'effectuer des semis partiels réussis de mil au niveau de sept (7) localités du département de Tessaoua (Région de Maradi). Sur le plan de la pluviométrie, la campagne a été caractérisée par des précipitations plus régulières et mieux réparties dans le temps et dans l'espace par rapport aux trois (3) dernières années. Elles ont même été diluviennes par endroits, occasionnant hélas des inondations dans certaines de nos localités (Zinder, Tillabéri) et sur certaines cultures (maïs, riz). L'abondance et la régularité des pluies dans leur ensemble ont permis un développement végétatif normal des cultures, ce qui leur a permis de boucler leur cycle sur la quasi-totalité de la zone agricole du pays. Au 30 septembre, les cumuls pluviométriques enregistrés varient entre 350 et 780 mm. Ces cumuls sont supérieurs à la moyenne inter annuelle 1971-2000 au niveau de 62% des postes de suivi. En ce qui concerne les semis : ils ont démarré à la 1ère décade du mois d'avril et se sont poursuivis jusqu'en fin juillet. C'est ainsi qu'au 31 juillet 2008, l'ensemble des 10 737 villages agricoles ont effectué leurs semis en humide avec une meilleure concentration autour de la période normale. En outre, il n'a pas été observé de perturbations majeures au cours de la phase d'installation des cultures et les poches de sécheresse de fin juillet et fin août n'ont pas eu de conséquences sévères sur les cultures à l'exception de la région de Diffa et des départements de Téra et de Tillabéri.

Excellence Monsieur le président de l'Assemblée nationale ;

A la faveur de ces bonnes conditions agro météorologiques, le développement végétatif des cultures a été globalement satisfaisant tout au long de la campagne et sur la majeure partie de la zone agricole. En effet, les indices décadaire et cumulé de satisfaction des besoins en eau des cultures ont varié en moyenne entre 80 et 100 % sur la période et la situation phytosanitaire est restée très calme, toutes choses favorables au bon déroulement de la campagne. Ainsi, les stades phénologiques au 30 septembre varient : pour le mil, de l'épiaison observée dans certaines localités de la région de Tahoua, à la maturité observée dans toutes les régions avec une prédominance de la grenaison ; Pour le sorgho, de la nouaison observée dans les régions de Tillabéri et Niamey, à la maturité observée dans toutes les régions, avec une prédominance de l'épiaison; Pour les légumineuses (niébé et arachide notamment), de la formation des gousses à la maturité observée dans toutes les régions. Comme indiqué ci haut, la situation phytosanitaire a été calme dans l'ensemble. Toutefois, des attaques de sautériaux et d'insectes floricoles ont nécessité des interventions terrestres dans presque toutes les régions et des traitements aériens dans les régions de Tahoua (départements de Tchintabraden, Tahoua, Illéla et Keïta), Tillabéri (départements de Tillabéri, Téra et Oualam) et Zinder (département de Tanout). Ces interventions aussi bien terrestres qu'aériennes ont permis de traiter 84 291 ha sur 144 226 ha déclarés infestés, soit 58%. Assurément, 2008 aura été l'année phytosanitaire la plus calme de ces quinze (15) dernières années. En somme, les conditions d'une bonne production agricole sont réunies.

Excellence Monsieur le président de l'Assemblée nationale ;

Je voudrais à présent vous entretenir des résultats provisoires de la campagne agricole d'hivernage 2008 et des perspectives alimentaires 2008/2009 qui en découlent. Il ressort de l'analyse des résultats du dispositif de l'enquête agricole permanente que la campagne agricole d'hivernage 2008 a enregistré une production céréalière prévisionnelle brute (mil, sorgho, maïs, riz, blé et fonio) estimée à 4 625 540 tonnes contre 3 368 716 tonnes en 2007, soit une appréciation significative de 37%. En déduisant les pertes et les quantités destinées aux semences, la production céréalière disponible est de 3 905 009 tonnes. Les besoins de la population actualisée au 30 Avril 2009 étant estimés à 3.303.742 tonnes, il se dégage alors un surplus brut de 601 267 tonnes contre 151 679 tonnes en 2007. Le bilan céréalier prévisionnel intègre comme ressources la production nette, les stocks initiaux et les importations et comme emplois, les besoins de consommation humaine, les stocks finaux et les exportations. L'exercice à partir de ce modèle fait apparaître des perspectives plus reluisantes. En effet, il dégage un bilan céréalier net excédentaire de 751.383 tonnes, ce qui traduit une disponibilité apparente par individu et pour l'année alimentaire 2008/2009, de 303 Kg pour des besoins optima de 231 kg de céréales. Toutefois, en ce qui concerne le riz et le blé, le Niger reste tributaire des importations pour couvrir les besoins nationaux.

Excellence Monsieur le président de l'Assemblée nationale ;

En ce qui concerne les principales cultures de rente et de diversification, la campagne agricole d'hivernage 2008 a largement répondu aux attentes de nos vaillantes populations. Elle a enregistré : une production record de niébé estimée à 1 246 980 tonnes, niveau jamais atteint auparavant ; une forte appréciation de la production d'arachide qui atteint 307 776 tonnes, soit plus du double de celle de l'année dernière; une bonne production de sésame située à 50 646 tonnes ; une très bonne production de souchet soit 35 166 tonnes. Assurément, au vu de cette situation, nous nous devons de louer la clémence divine et la clairvoyance avec laquelle vous avez instruit le gouvernement pour l'accompagnement du travail de production agricole. En effet, de mémoire de nigériens, les années agricoles qui connaissent à la fois une bonne production céréalière et des cultures de diversification sont plutôt rares. On peut donc considérer que 2009 sera une année plus que normale du point de vue de la sécurité alimentaire des populations nigériennes et de l'augmentation des revenus des ménages d'agriculteurs. C'est fort opportunément l'opération niébé a prévu injecter 11 milliards de nos francs dans l'achat de ce produit afin d'éviter aux producteurs de brader leurs productions. A leur nom à tous et au mien propre, je présente à son initiateur, SEM Mamadou Tandja, Président de la République, Chef de l'Etat, notre profonde gratitude et toute notre reconnaissance.

Excellence Monsieur le président de l'Assemblée nationale ;

Le bilan alimentaire est l'un des deux (2) nouveaux outils d'analyse et de suivi de la sécurité alimentaire. Pour son élaboration, les services techniques compétents ont procédé à la prévision des productions de notre cheptel (viande, lait, œuf et produits dérivés), des productions halieutiques (poissons et produits dérivés) ainsi que des productions de la campagne des cultures irriguées 2008/2009. Concernant ces dernières, les productions attendues sont de :  190 841 tonnes de tubercules et racines ; 810 389 tonnes de légumes ;  823 302 tonnes de légumineuses ;  259 888 tonnes de fruits ; 193 627 tonnes d'oléagineux ; 190 114 tonnes d'Epices et stimulants ; Et 187 752 tonnes de Canne à sucre.

Comme il est aisé de le constater, ces importantes productions qui permettent de dégager des excédents sur tous les postes correspondants du bilan alimentaire, devraient contribuer à réduire la facture d'importation de produits alimentaires et à améliorer le revenu des populations. Les excédents enregistrés sur la quasi-totalité des composantes principales du bilan alimentaire ne suffiront peut-être hélas pas à juguler les appréhensions alimentaires des populations de certaines zones connues pour leur déficit structurel et pour celles qui ont connu des perturbations au cours de cette campagne dues pour l'essentiel aux ruptures des pluies, aux attaques des ennemis des cultures ou aux inondations.

Excellence Monsieur le président de l'Assemblée nationale ;

Les populations de ces zones et de ces villages doivent faire l'objet d'une attention particulière du gouvernement pour non seulement détecter à temps les difficultés alimentaires qui peuvent se poser, mais aussi et surtout pour leur apporter tout l'appui dont ils auront besoin afin de réduire leur vulnérabilité. C'est du reste le sens que nous donnons à la reconstitution en cours, sous votre conduite éclairée, du stock national de sécurité et aux mesures envisagées dans le plan de contingence alimentaire et nutritionnel dont une déclinaison opérationnelle pour l'année 2009 sera bientôt disponible. En outre, nous avons pris la mesure de la fragilité de nos systèmes de production et nous engageons l'ensemble des cadres du Ministère dans le processus de leur rénovation. Ceci passe d'abord et avant tout par le changement de mentalités de tous et de chacun des acteurs, à commencer par les producteurs à l'endroit desquels une vaste campagne de sensibilisation sera menée. Je vous exhorte vivement à nous appuyer dans ce sens. Le démarrage du programme de lutte contre l'insécurité alimentaire par le développement de l'irrigation, la relance de la filière semencière, la création des fermes agricoles modernes et le développement d'une chaîne nationale de solidarité pour le transfert des excédents vers les zones en difficultés alimentaires, sont autant de mesures que le gouvernement poursuivra à côté des actions habituelles d'atténuation de la vulnérabilité alimentaire des ménages que sont le ''cash for work'', la création et le renforcement des banques céréalières, l'appui à la petite irrigation pour bouter à jamais la faim, la malnutrition et la pauvreté en dehors de nos frontières.

Excellence Monsieur le président de l'Assemblée nationale ;

Tout en demeurant à l'écoute de toutes les suggestions que votre auguste institution nous fera, particulièrement en ce qui concerne la bonne gestion de la production obtenue et les mesures d'atténuation des difficultés alimentaires des ménages vulnérables, je vous assure de l'engagement du gouvernement tout entier à tout mettre en œuvre pour garantir la souveraineté alimentaire de nos populations".