Le mauvais exemple de la Guinée Bissau
Après s’être regardé avec méfiance des années durant,
le Président de la République et le Chef d’Etat major général de l’armée ont
fini par s’avoir ou se faire avoir, pour de bon.
Le chef de
l'Etat guinéen Joao Bernardo Vieira, dit "Nino",, âgé
de 69 ans, a été tué à son domicile vers 4 heures par les militaires, au
lendemain de l'attentat à la bombe qui a coûté la vie au chef d'état-major de
l'armée, le général Batista Tagmé Na Waié, 60 ans. La résidence du
président a été détruite lors de l'assaut, puis pillée.
Dans un premier temps, le principal porte-parole de
l'armée, le capitaine José Zamora Induta, a présenté l'assassinat du
président comme une vengeance, attribuant au chef de l'Etat la responsabilité
de la mort du chef d'état-major. "Nous n'accepterons pas que des gens
interprètent cela comme un coup d'Etat. Ce n'est pas un coup d'Etat",
a-t-il ensuite nuancé, accréditant l'idée selon laquelle le double meurtre de
dimanche et lundi traduirait davantage un règlement de comptes entre rivaux
qu'une lutte pour la prise du pouvoir.
L'armée "a donné des garanties (...) qu'elle
resterait fidèle aux principes démocratiques et respecterait la
Constitution", a précisé le porte-parole de l'état-major. La loi
fondamentale prévoit que le premier ministre assure la transition jusqu'à
l'organisation d'une élection présidentielle dans les 60 jours.
Les derniers événements tragiques apparaissent comme
l'épilogue de querelles anciennes mettant en jeu à la fois des rivalités
ethniques et, peut-être, une concurrence à propos du trafic de cocaïne
colombien vers l'Europe, dont la Guinée-Bissau est l'une des plaques tournantes
en Afrique de l'Ouest.
Anciens compagnons de maquis dans la lutte contre le
colonisateur portugais, les deux victimes représentent les deux ethnies rivales
de ce petit pays pauvre situé entre le Sénégal et la Guinée-Conakry. Le
président Nino Vieira appartenait à l'ethnie minoritaire
des Papel opposée aux Balante - plus nombreux mais considérés comme une menace
par le pouvoir -, dont le général Tagmé Na Waié faisait partie.
Le conflit entre le chef de l'Etat et son armée
s'était traduit, en novembre 2008, par une attaque contre la résidence
présidentielle, tandis qu'en janvier la garde présidentielle avait ouvert le
feu sur la voiture du chef d'état-major.
Exprimant sa "consternation", mardi
sur Radio France internationale, Jean
Ping, le président de la commission de l'Union africaine, a admis
que la rivalité pour le contrôle du trafic de cocaïne est "l'une des
raisons des querelles intestines" qui secouent la Guinée-Bissau.
En septembre, le chef d'état-major de la marine, Américo Bubo Na Tchuto, s'était réfugié en Gambie
après avoir été accusé d'être lié au débarquement, le 12 juillet, de 500 kg de
cocaïne à l'aéroport de Bissau.
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