WORLD FUTURE - NIGER FUTURE

WORLD  FUTURE - NIGER FUTURE

Le tourisme au Niger

 

 

Le tourisme au Niger

 

 

Madame la ministre, le Niger renferme un potentiel touristique important. Quels sont les différents produits touristiques qui peuvent intéresser les visiteurs et les circuits qui sont les mieux prisés par ces derniers ?

Je vais d'abord commencer par vous remercier pour  l'intérêt que vous portez encore  une fois de plus au secteur du Tourisme dont j'ai la charge, et cela à la veille de l'ouverture solennelle de la Saison touristique 2008-2009. Il est en effet, indéniable que le Niger recèle d'importantes potentialités touristiques du fait de sa position géographique charnière entre l'Afrique du Nord et l'Afrique Subsaharienne.

D'aucuns estiment à raison que notre pays dispose d'une étonnante richesse de ressources historiques et préhistoriques, culturelles et naturelles qui correspondent bien à l'évolution des préférences touristiques qui se trouvent être aujourd'hui à la recherche de bien davantage que de simples voyages de rêve.  Cela nous prédestine comme une destination internationale d'avenir pour la pratique de plusieurs formes de tourisme responsable, comme le tourisme de vision et de découverte, l'écotourisme, le tourisme culturel, le tourisme d'affaires et de congrès et même le tourisme sportif et de loisirs. Et cela favorise un développement équilibré du tourisme sur l'ensemble du pays, parce que toutes nos zones géographiques ont chacune des atouts naturels certains et des avantages comparatifs sûrs en matière de vestiges de civilisations séculaires comme l'archéologie, l'architecture traditionnelle, l'art et l'artisanat, etc. Mais d'une manière générale, il faut distinguer trois grandes catégories de produits touristiques déclinés selon l'approche géographique.

Il y a le Tourisme Saharien au nord avec les oasis du Kawar-Djado et le vaste et mythique désert de l'Aïr et du Ténéré qui présente des variantes rampantes au sud - est avec les déserts du Termit et du Tal. Cette région est la zone principale d'attraction touristique où l'on trouve des ossements de dinosaures, des gravures rupestres ainsi qu'une culture authentique encore entièrement préservée ; le Tourisme fluvial dans la vallée du Fleuve Niger qui est aussi un important pôle d'attraction touristique avec le Parc du W, les dernières girafes en liberté d'Afrique de l'Ouest, une végétation tropicale préservée, ainsi qu'une large variété ornithologique et faunique. Cette zone est également le creuset de l'histoire de grands empires africains comme l'Empire Songhaï et possède des sites archéologiques et civilisationnels importants, ainsi qu'une gamme variée de produits artisanaux. 

Le Tourisme culturel qui est dominant dans le Centre-Est du Niger qui présente une riche diversité culturelle et artisanale. Terres de grands empires africains comme celui du Kanem Bornou, des Cités-Etats Haoussas et de l'empire Peulh de Sokoto ou encore de sultanats influents comme celui du Damagaram, cette région recèle une forte concentration d'œuvres architecturales typiques, et l'influence de la chefferie traditionnelle est encore très fortement perceptible. Mais, le produit culturel est un produit transversal qui renferme aussi bien notre histoire que nos rites et festivités traditionnels qui sont très prisés des visiteurs.

Le Niger a également été une terre de convergence des explorateurs européens, hommes de sciences ou missions militaires coloniales, avec le lot de malheurs et d'héroïsme dont les traces encore visibles constituent un axe de thématique touristique qu'il faut développer sous l'appellation de la route des explorateurs. Mais, notre histoire se traduit aussi par nos rites et festivités traditionnels qui nous offrent une approche de développement d'un tourisme spécifique avec la valorisation des manifestations culturelles et/ou cultuelles d'inspiration traditionnelle. Ce sont les mythes Aznas, les rites de Massalata, la danse Sonianké ou le symbole de la force du lait, etc. Mieux, nous avons réussi à ériger des festivités périodiques traditionnelles ou religieuses comme la Cure Salée, le Guéréwool, le Bianou ou le Gani en produits d'appel touristiques. Néanmoins, tout cela mérite une meilleure structuration grâce à une bonne coordination institutionnelle afin que nous parvenions, à l'instar des autres pays de la sous région, à une meilleure maîtrise de la programmation de ces manifestations que les agences de voyages ou les tours opérateurs internationaux peuvent intégrer dans leurs catalogues de voyages touristiques. Permettez-moi également de mentionner une autre particularité du Niger sur le plan touristique : l'existence de cinq réserves naturelles qui, à l'instar du Parc du W et à l'exemple du plateau de Kouré, nous permet de préserver l'environnement de certaines nuisances et de sauvegarder par conséquent des espèces d'animaux rares ou en voie de disparition.

Pouvez - vous préciser, Madame la ministre, la place du tourisme dans l'économie nationale du Niger ?

Avant de vous donner des indications chiffrées, permette- moi de vous faire part de l'opinion assez optimiste que le Conseil Mondial du Tourisme et des Voyages (dont l'acronyme anglais est le WTTC) a exprimé il y a quelque peu sur le tourisme au Niger. En effet, cette organisation internationale spécialisée et influente indique des perspectives favorables pour le Niger dont il situe la croissance de la demande touristique entre 4,6% et 5,4% l'an, d'ici à 2015. Pourtant, cette estimation provenant d'une source aussi crédible nous place légèrement en deçà des projections globales pour l'Afrique subsaharienne dont la croissance est évaluée à 6% environ.  C'est dire que notre pays peut tirer plus largement profit de ses richesses touristiques, que bien de spécialistes pensent être souvent uniques au monde. L'organisation Mondiale du Tourisme (OMT) pour sa part estime que le tourisme jouera un rôle déterminant dans le développement socio - économique de l'espace UEMOA avec une croissance du flux touristique de 5,5% l'an jusqu'en 2020. Or, le Niger a accueilli en 2006 plus 63.000 visiteurs étrangers pendant que les activités touristiques généraient  un chiffre d'affaires de plus de 32 Milliards de francs CFA équivalant à 1,7% du PIB, et des emplois permanents estimés à plus 8700. Quant aux réceptifs, ils sont au nombre de 87 hôtels toutes catégories confondues qui totalisent 2023 chambres avec 3400 lits environ et 145.000 nuitées. 

Du reste, les données statistiques en notre possession laissent entrevoir depuis 1999, une progression constante, quoique légère, résultant de l'amélioration de l'environnement du secteur et de facteurs favorables comme l'amélioration constante du réseau routier du pays, notamment les axes frontaliers qui favorisent ainsi le développement du tourisme inter-Etats à travers les circuits à destinations multiples en Afrique de l'Ouest ; la modernisation des Télécommunications grâce à l'arrivée d'opérateurs privés dans les branches de la téléphonie mobile et de l'Internet ; la modernisation des aéroports internationaux Diori Hamani de Niamey et Mano Dayak d'Agadez ; la proximité du Niger de l'Europe (quatre à cinq heures de vol) ; la desserte régulière du pays par des compagnies aériennes internationales et régionales comme Royal Air Maroc avec cinq vols hebdomadaires,  Air-France avec quatre vols hebdomadaires,  Air Sénégal International avec trois vols hebdomadaires, Air Algérie avec deux vols hebdomadaires, Afriqiyya Airways, Air Burkina, ainsi que les vols charters saisonniers régulièrement effectués par Point Afrique à travers sa représentation nationale Point Air-Niger.

Vous allez procéder le 05 décembre prochain à l'ouverture de la saison touristique 2008- 2009 à Ayorou. Qu'est-ce qui explique le choix de cette localité et quelles  sont les innovations apportées par rapport aux années précédentes ?

Je dois vous rappeler que depuis juin 2007, date de mon arrivée à la tête de ce département ministériel, et à la lumière des directives édictées par S.E. M. Seïni Oumarou, Premier ministre, Chef du gouvernement, j'ai choisi de faire de la diversification de l'offre touristique nationale l'axe majeur de mon action pour un développement équilibré de ce secteur. L'objectif est de parvenir à terme, à soustraire l'activité touristique des aléas conjoncturels récurrents alors même que d'énormes efforts sont consentis par l'Etat, les partenaires extérieurs et les populations locales pour faire du tourisme un secteur actif du développement économique tant au niveau national qu'au niveau régional et local. Et nous sommes soutenus en cela par S.E.M. le Premier ministre, Chef du gouvernement sous le haut patronage duquel est placée l'ouverture de la saison touristique 2008-2009. Or, je vous le disais tantôt, le tourisme se trouve être la potentialité la mieux partagée sur le plan géographique par toutes les communautés de notre vaste pays.

Il présente par ailleurs, l'atout de l'expropriation rapide par les communautés locales elles mêmes à travers la mise en place de campements touristiques intégrés à des activités socio-économiques productives et rentables et qui concourent à la préservation de l'environnement et du cadre de vie des populations.  Le cas le plus connu est celui de la région de Kouré avec les Girafes et le plus récent est celui du village Maoli-Haoussa (Canton de Say) où un campement touristique a été récemment inauguré pour servir de catalyseur à l'apiculture et au maraîchage pratiqués par les populations. Dans la zone Termit-Tin Toumma également, la promotion du tourisme saharien intégré fait son petit bonhomme de chemin grâce à la SNV et cela va contribuer efficacement à la lutte contre la pauvreté par la préservation et la valorisation du patrimoine touristique naturel et culturel dans ces régions. Aussi, le choix d'Ayorou pour y organiser solennellement l'ouverture de la saison touristique de cette année procède de la même démarche et de la même motivation.

Qui plus est, nous y avions inscrit au chapitre de la coopération entre le Niger et l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) un projet de développement de l'artisanat et de l'écotourisme dans le cadre de l'appui que nous apporte la Fondation Internationale de Lutte contre la Pauvreté par le Tourisme. En outre, faut-il le rappeler, la localité d'Ayorou bénéficie d'une certaine légitimité historique sur le plan touristique au Niger, au point où le Président Diori Hamani (Paix à son âme), y a inauguré en 1973 un hôtel trois étoiles de classe internationale construit avec le concours du Conseil de l'Entente pour stimuler le développement du Tourisme. Aujourd'hui, cet hôtel tombé en décrépitude a été repris et entièrement rénové par un opérateur privé. Afin d'y favoriser la reprise du tourisme, nous y avions apporté l'innovation de coupler à l'ouverture de la saison touristique, le lancement d'une nouvelle manifestation culturelle de portée touristique, à savoir le Festival des Civilisations du Fleuve (FECIF-Alzanayé).

La région d'Agadez est, comme chacun le sait, la zone par excellence du Tourisme au Niger. Mais, depuis bientôt deux ans, cette région connaît une situation d'insécurité préjudiciable à la pratique du tourisme. Quel est l'impact de cette situation sur l'activité touristique ?

Il convient de savoir en effet que la région d'Agadez recèle des potentialités touristiques telles que cela en a fait le produit touristique phare au Niger. Toutefois, et en dépit des avantages comparatifs dont elle dispose, cette région n'a pas plus de prééminence qu'une autre région de notre vaste pays à être la seule zone du tourisme par excellence au Niger. Le Niger en lui-même est une zone de tourisme par excellence qui malheureusement est entrain de pâtir de la situation qui prévaut dans sa partie septentrionale qui se trouve être fort justement son produit touristique phare. C'est pourquoi, nous avons estimé que cette situation ne doit pas entraîner la léthargie du secteur. D'où notre approche de la diversification de l'offre touristique nationale qui inclut la valorisation des déserts du Tal et du Termit qui sont des sous-produits qui peuvent valablement suppléer le produit principal en souffrance, et devenir des destinations essentielles, surtout avec les perspectives heureuses qui s'ouvrent pour ces régions avec l'exploitation du pétrole.

Plus globalement, Madame la ministre, quelles sont les actions que votre département ministériel entreprend pour la promotion du tourisme et de la destination Niger ?

La priorité reste pour nous l'élaboration d'un cadre d'orientation stratégique dont le secteur est encore dépourvu. Et pour combler cette lacune, le gouvernement s'est engagé à assurer, par ses propres moyens, la mise en œuvre du processus qui doit conduire à l'adoption en 2009 de la Stratégie Nationale de Développement Durable du Tourisme (SNDDT) qui sera suivi d'un Programme d'Actions Prioritaires de développement du Tourisme au Niger. En attendant, nous avons redynamisé la coopération entre le Niger et l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) qui est l'institution spécialisée des Nations-Unies en la matière. Ce qui nous a permis d'accéder par son biais aux avantages et opportunités qu'offre la coopération multilatérale dans le domaine du tourisme.  C'est ainsi que nous avons pu obtenir l'intérêt de la Fondation STEP qui est portée sur le financement des projets de lutte contre la pauvreté par le tourisme et qui a identifié en janvier 2008 sept projets répartis entre la région du Fleuve et le Sud Est du pays. Ces projets concernent la périphérie du parc du W, la zone Girafes de Kouré, le bassin des Hippopotames d'Ayorou et la promotion du tourisme dans le massif du Termit.

C'est dans ce cadre que plusieurs agences de coopération partenaires du programme STEP ont été approchées et nous fondons beaucoup d'espoir quant aux différents engagements pris pour la réalisation de ces projets au cours des deux prochaines années.  Dans le même ordre d'idée, des organisations internationales comme l'UNESCO, ou régionales comme l'UEMOA et la CEDEAO, ont également exprimé leurs disponibilités à accompagner notre pays dans la création de manifestations périodiques de portée touristique déjà identifiées dont le Festival des Civilisations du Fleuve (FECIF - Alzanayé) et le Rallye Fluvial pour lequel des pays riverains ont déjà manifesté leur intérêt. Pour l'heure, nous procéderons aux lancements de ces évènements respectivement en décembre 2008 et en janvier 2009.

De même, nous voulons également mettre l'accent sur l'importance du tourisme intérieur qui est très peu développé chez nous. C'est pourquoi, nous envisageons d'organiser en janvier prochain, une immersion touristique des hautes autorités de l'Etat, des membres du Corps Diplomatique et des Institutions internationales accrédités au Niger à travers une excursion au Parc du W. Cela leur permettra non seulement d'y découvrir les merveilles et curiosités fauniques, aquatiques et ornithologiques de cette biosphère classée au patrimoine de l'UNESCO, mais également de constater que les infrastructures modernes d'accueil y sont implantées, notamment l'hôtel de la Tapoa, les différentes gîtes d'étapes et les miradors d'observation. Nous espérons, à travers cette action, créer le déclic à ce niveau décisionnel clé pour que l'on se rende compte de l'existence de potentialités touristiques réelles au Niger et qu'on prête l'attention requise à leur exploitation rationnelle. 

Enfin, nous maintenons l'intérêt pour la destination Niger par la présence de notre pays aux grandes rencontres internationales du tourisme en Europe de l'Ouest surtout, car cette région constitue le principal bassin émetteur de touristes vers le Niger. Ce qui explique notre attachement aux salons internationaux qui s'y déroulent annuellement comme le Monde à Paris (MAP), la Foire Internationale du Tourisme de Madrid (FITUR), la Bourse Internationale du Tourisme de Milan (BIT), celle de Berlin en Allemagne (ITB) ainsi que celle de Lisbonne au Portugal (BTL). D'ailleurs, en ce moment même, le Centre Nigérien de Promotion Touristique (CNPT), appuyé par les professionnels du secteur, organise un ''Eductour'' au profit de voyagistes et d'un journaliste spécialisé en provenance d'Espagne.

 



04/12/2008
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