Saif al-Islam se faisait passer pour un chamelier
Capturé alors qu'il tentait de s'enfuir vers le Niger, Saif Al-Islam a tenté de se faire passer pour un berger de chameaux, raconte au Guardian le chef des combattants de Zenten, qui revient en détails sur les circonstance de l'arrestation du dernier fils de Kadhafi encore en cavale.
Saïf al Islam a été capturé dans le sud du pays, près d'Obari, une localité située au sud-ouest de l'oasis de Sebha. "Quand nous l'avons attrapé, il nous a affirmé s'appeler Abdul Salem [un nom très courant] et s'est fait passéer pour un chamelier. C'était assez fou", explique Ahmed Amer. Le fils de Kadhafi portait selon lui des vêtements de berger de chameaux et avait le visage couvert de poussière, mais le chef de brigade dit l'avoir reconnu tout de suite.
"IL NOUS A SURPRIS PAR SON COURAGE"
"Nous les avons surpris. Ils n'ont pas eu le temps de résister", a-t-il raconté à l'AFP, précisant que Seif et ses cinq compagnons n'étaient que légèrement armés : "des kalachnikov, des fusils automatiques légers et quelques grenades". "Ils avaient peur au début que nous leur tirions dessus, mais il faut reconnaître que Seif al-Islam nous a surpris par son calme et son courage", a-t-il dit. "Il n'avait pas vraiment peur", a-t-il ajouté.
Seif al-Islam Kadhafi, a été trahi par un nomade libyen, guide du désert, qui dit avoir été engagé pour faire passer le fils du colonel Kadhafi au Niger voisin. Ce nomade, Youssef Saleh al-Hotmani, explique qu'on lui avait promis un million d'euros s'il réussissait à faire passer Seif al-Islam de l'autre côté de la frontière. "J'ai fait croire à Seif que je lui faisais confiance", a dit mardi le nomade à Zentane, la ville où Seif al-Islam a été transféré pour y être détenu au secret.
La nuit de la capture de Seif al-Islam, Hotmani raconte qu'il circulait en compagnie de sa garde personnelle, dans la première voiture de leur convoi. L'embuscade a eu lieu non loin de la petite ville pétrolière d'Obar, dans les environs de l'oasis de Sebha (centre-ouest du pays). "Il avait été convenu avec les combattants (qui ont capturé Seif al-Islam) que le meilleur endroit pour tendre l'embuscade serait dans une zone du désert cernée de hauteurs", raconte-t-il. Dix combattants de Zentane, ville du Djebel Nefoussa, dans le nord-ouest de la Libye, et cinq membres de la tribu de Hotmani, les al-Hotman, attendaient le passage du convoi.
"Seif a tenté de s'échapper en courant"
"Lorsque nous sommes arrivés, en pleine obscurité, les tirs ont été très précis, il n'a fallu que trente secondes pour se rendre maîtres du premier véhicule", poursuit le nomade, qui avait demandé aux hommes de Seif al-Islam de maintenir trois kilomètres entre leurs véhicules, afin de donner aux combattants le temps d'agir. "Quand le deuxième véhicule est arrivé, nous avons commencé à tirer avec une grande précision, pour endommager le véhicule et empêcher Seif de s'échapper", relate Hotmani.
Seif al-Islam, vêtu d'une longue djellabah et portant un large burnous, a bondi de la voiture et tenté de s'échapper en courant, mais il a été rattrapé, explique Hotmani. "Nous l'avons traité comme un prisonnier de guerre." Ce nomade du Sahara n'a pas dit quand et comment il avait pris contact avec les combattants qui ont, grâce à lui, pu capturer Seif al-Islam. "Je suis sûr et certain qu'ils (Seif et ses gardiens) comptaient me liquider lorsque nous aurions atteint la frontière. Ils avaient deux fusils, deux grenades, un couteau et des menottes. Ils étaient prêts à m'exécuter, au moindre doute", assure-t-il.
"Ils comptaient m'exécuter"
Les combattants du Conseil national de transition (CNT) qui ont arrêté le fils et ancien dauphin du colonel Kadhafi voient dans le nomade un "héros". À bord du convoi des deux voitures ils n'ont guère retrouvé que cinq mille dollars et Hotmani dit n'avoir pas reçu un centime du million d'euros qui lui était promis. "Je n'avais pas demandé à être payé à l'avance. Il n'y avait pas d'argent dans la voiture, ce qui prouve qu'ils comptaient bien m'exécuter à la frontière", estime-t-il.
Hotmani, qui dit parler plusieurs langues et avoir dirigé une petite agence de tourisme, explique qu'il avait été recruté comme guide du désert par le groupe comprenant Seif al-Islam. "Seif croyait que j'ignorais qui il était. Personne ne m'avait dit qui c'était", raconte le nomade. "Seif rêvait de fuir la Libye pour y retourner par la suite", continue-t-il.
Saif Al-Islam après sa capture, dans la ville de Zenten, samedi.AFP/-
"Il nous a demandé de lui tirer une balle dans la tête ou de l'emmener à Zenten", une ville située à 170 km au sud-ouest de Tripoli. "Notre mission s'arrête là. Maintenant il est détenu à Zenten et on doit attendre le nouveau gouvernement (en cours de formation) pour décider de son sort", a-t-il poursuivi. Samedi soir, Seif al-Islam avait été transféré de l'aéroport de Zenten dans une villa non loin du centre-ville, où la presse ne pouvait accéder.
Dès l'annonce de son arrestation, les nouvelles autorités de Tripoli ont martelé leur volonté de le faire juger en Libye, où il serait passible de la peine capitale. La Cour pénale internationale, qui l'a inculpé de crimes contre l'humanité pour avoir pris une part active à la répression du soulèvement contre le régime de son pèren, réclame son transfert, estimant que Tripoli a "l'obligation" de coopérer. Mais le gouvernement libyen de transition souhaite qu'il soit jugé dans son pays et pas seulement pour les faits récents. La CPI ne peut prononcer la peine de mort.
SAIF AL-ISLAM AURAIT ÉTÉ TRAHI
M. Amer a précisé que sa brigade "Khalid Ibn Walid" est partie de Zenten le 19 octobre. Elle était chargée, selon lui, de sécuriser les frontières sud du pays. Selon ce combattant, Seif al-Islam s'était réfugié à Bani Walid (170 au sud-est de Tripoli), un des derniers bastions de Mouammar Kadhafi, après la chute du QG du "Guide" dans la capitale fin août. Il a quitté Bani Walid peu avant sa chute mi-octobre pour trouver refuge à Wadi Zemzem, au sud de la ville, avant de se rendre à Bourak Al-Chati, plus au sud.
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