WORLD FUTURE - NIGER FUTURE

Selon le Colonel Diallo Amadou, président de la Fédération nigérienne de Football (FENIFOT)  l'Assemblée générale qui vient de se tenir est une AG ordinaire et donc le thème est statutaire.

Il s'est agi pour le Bureau Exécutif de la FENIFOOT de présenter aux membres de l'Association le rapport moral et financier de la saison écoulée. N'oublions pas que l'Assemblée est l'occasion annuelle pour les membres de l'Association de se retrouver autour d'une même table. La FENIFOOT, c'est tout de même 20 clubs de première division, une centaine de clubs de deuxième division, 8 ligues régionales et plus de 265 districts.

Cependant, l'Assemblée générale du 20 décembre dernier a ceci de spécifique que c'est la dernière AG ordinaire avant celle élective qui se tiendra au courant de l'année 2009. C'est pourquoi il a été soumis, en plus des amendements des textes de l'Association, un code électoral et la commission électorale indépendante, ceci conformément aux prescriptions de la FIFA.

Le championnat national de première division, qui est une des compétitions majeures qu'organise la FENIFOOT, se tiendra cette année avec une vingtaine de clubs provenant des différentes régions du pays. Qu'est-ce qui justifie cette option, et comment cette compétition va-t-elle se dérouler eu égard à certaines réalités comme l'étendue du territoire national ou le manque de moyens des clubs ?

C'est une option réaliste, au regard de l'étendue de notre pays. Le transport reste l'épine dorsale du championnat qui fait de cette compétition l'une des plus difficiles du continent. Rendez-vous compte que la dernière fois que nous avions organisé un championnat en poule unique, il nous a coûté près de 120 millions de nos francs. Or, contrairement à ce qui se raconte, nous n'avons pas les moyens. Notre seule subvention est celle que la FIFA accorde annuellement à toutes les associations nationales. Elle s'élève à 250 000 dollars US. Pourtant, pour que le championnat se déroule normalement, la fédération l'a jusque-là pris intégralement en charge.

C'est donc le même système que la saison écoulée qui sera maintenu. Cela a l'avantage d'associer les jeunes de toutes les régions de notre pays aux compétitions de l'élite et d'animer les infrastructures construites par l'Etat dans toutes les régions. Nous profitons pour lancer un appel aux sponsors qui souhaiteraient se faire connaître pour qu'ils nous accompagnent ; car nous seront partout dans le pays.

L'AS Police et l'AS FAN, représenteront cette année notre pays aux compétitions continentales au niveau des clubs. Que fait la FENIFOOT pour que ces ambassadeurs du Niger aient un parcours honorable ?

 Les contributions de tous les acteurs sont connues d'avance. L'Etat prend en charge les déplacements internationaux de nos clubs, les clubs s'occupent des visiteurs et la fédération prend en charge les officiels et appuie nos clubs sur le plan technique et administratif.

Le 22 novembre dernier, le Mena cadets a arraché une qualification historique pour la CAN 2009 en battant les Eléphanteaux de Côte d'Ivoire au stade Général Seyni Kountché. Quels sentiments suscite en vous une telle prouesse et où peut-on situer la clé de cette réussite ?

 C'est le résultat de l'implication de tous les acteurs. Le sens de responsabilité, tant des joueurs que des encadreurs, des dirigeants du Ministère de tutelle et particulièrement des premiers responsables du pays, Son Excellence le Président de la République et le Premier ministre, a prévalu. Nous avons démontré à la face du monde que nous pouvons hisser notre drapeau au niveau de n'importe quel autre pays.

La CAN 2009 se tiendra dans moins de trois mois en Algérie. Quels sont les moyens qui ont été mobilisés pour une préparation conséquente de nos cadets ?

La préparation débutera véritablement au mois de janvier. Elle se fera sur place dans un premier temps. Puis elle se poursuivra à l'extérieur avant d'aller en Algérie. Il s'agira entre temps de mobiliser les moyens. Et conformément à l'appel lancé par le Président de la République lors de son    message à la Nation le 17 décembre dernier, l'équipe a besoin de tous pour rapporter un résultat honorable de la Coupe d'Afrique des Nations qui se déroulera en Algérie.

Le sélectionneur national, M. Dan Anghelescu, est depuis quelques jours en fin de contrat. On sait qu'il a enregistré des résultats assez mitigés lors des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations 2010. Souhaiteriez-vous son retour à la tête de la sélection nationale ?

L'entraîneur Dan Anguelescu est arrivé à un moment difficile, c'est vrai. Mais l'objectif en le recrutant était de qualifier l'équipe à la CAN 2010. Malheureusement, nous sommes éliminés. Nous tirons les leçons. La prochaine compétition continentale pour l'équipe A c'est dans deux ans. Il va falloir préparer l'équipe tout en participant aux compétitions régionales. D'où le besoin d'un entraîneur de haut niveau pour le Niger.

L'équipe nationale junior était récemment au tournoi de l'UFOA qui s'est tenu dans l'Etat de Delta au Nigeria. Des problèmes de préparation ont été évoqués par l'encadrement technique pour justifier la contre performance de l'équipe à l'occasion de ce tournoi. Qu'est-ce qui explique la récurrence de ces problèmes de préparation concernant nos équipes nationales ?

C'est surtout l'insuffisance des moyens. De plus, les procédures d'exécution de la dépense publique ne cadrent pas avec les exigences de la gestion sportive. Comme vous le savez, la mise au vert coûte très cher ;  car la réalité de notre football nécessite une prise en charge plus longue des joueurs.

Le Niger accueillera au mois de février prochain la première édition des jeux de l'espace CEN-SAD. Cette même équipe junior représentera notre pays en football. Quelles dispositions avez-vous prises pour qu'elle puisse être à la hauteur des attentes du public sportif nigérien ?

Le Ministère des Sports a programmé la préparation des équipes nationales, toutes disciplines confondues, à partir du 5 janvier prochain, ce pour un mois. L'équipe de football sera au Centre Technique National qui est un cadre idéal pour la préparation au plan local. Tout est pratiquement sur place, un terrain synthétique, des dortoirs et la logistique de la restauration.

On assiste depuis peu à une floraison des centres de formation de jeunes footballeurs, principalement à Niamey. Quelle appréciation faites-vous de la formation des jeunes, et est-ce que la FENIFOOT a un droit de regard sur les activités de ces centres ?

 Oui, c'est un travail effectif. En atteste la qualification des cadets à la Coupe d'Afrique des Nations 2009 en Algérie. C'est le lieu d'encourager tous ceux qui s'investissent dans cette œuvre de construction de notre football. Aujourd'hui, le travail de formation abattu par les clubs commence à apporter ses fruits. Grâce à nos joueurs qui gravissent les échelons en ce moment, on peut être confiant pour l'avenir de notre football. Je pense à Moussa Nari actuellement sociétaire de l'AJ Auxerre, formé au Sahel Sporting Club, Maazou Ouwo, meilleur buteur de Lokeren avec 10 buts en 12 matches, nos quatre compatriotes finalistes de la ligue des champions de la Confédération Africaine de Football, et bien d'autres qui ont du succès au Nigeria, au Burkina, au Gabon, en Algérie. Il faut féliciter nos encadreurs qui font montre d'un savoir-faire professionnel. Nous avons foi en la formation, et avec la création des centres de formation, je garde l'espoir que dans un proche avenir, nous aurons des joueurs performants.

Cependant, nous devons d'ores et déjà prendre des dispositions pour la protection de nos jeunes talents. Comme l'a dit le Président de la FIFA, c'est "un devoir administratif et moral pour toutes les associations membres de la FIFA ". Ainsi, nous nous conformerons à la toute nouvelle loi selon laquelle tous les transferts de joueurs mineurs (âgés de moins de 18 ans) devront désormais être soumis à la commission du statut du joueur de la FIFA. En outre, les centres de formation seront dorénavant tenus d'enregistrer tous leurs joueurs auprès de la FENIFOOT.

Dans beaucoup de pays africains on assiste à l'éclosion du football féminin. Au Niger, cette discipline est quasi inexistante.  Quelles sont les raisons de ce manque d'intérêt pour le football féminin, et que fait la fédération pour y remédier ?

 Au contraire, le football féminin occupe une place de choix dans notre politique. Pour   preuve, nous avons mis en place une équipe nationale féminine qui a participé à un tournoi à Ouagadougou. A Tillabéri récemment, il y a eu une compétition nationale où toutes les régions étaient représentées. Aussi, nous procédons au renforcement des capacités de l'encadrement spécialisé. D'où sa participation à plusieurs stages et formations. L'entraîneur des filles, Mme Dégan, vient de rentrer d'une formation en Tanzanie. Mais la pratique du football et du sport en général au Niger, à l'instar de la plupart des pays africains, reste otage des pesanteurs sociales. C'est un travail qui s'inscrit dans la durée, mais qui mérite la plus grande attention.

M. le président, quelles sont les perspectives de la FENIFOOT pour l'année nouvelle ?

Pour l'année 2009, nous allons poursuivre le travail de formation à la base déjà entamé, tout en consolidant le dialogue entre les membres de l'association. Nous organiserons les compétitions traditionnelles, à savoir la coupe et le championnat national. Cette année, le calendrier sera certainement beaucoup plus respecté du fait que nous n'avons qu'une seule équipe nationale engagée en compétition internationale. Nous allons tout faire pour une représentation honorable de notre pays en Algérie afin que cette CAN nous ouvre les portes de la coupe du monde de la même catégorie.

Avez-vous un message particulier à l'endroit du public sportif nigérien ?

Nous nous félicitons du soutien apporté par le public sportif nigérien. Nous lui demandons d'être patient et de continuer à persévérer car nous revenons de loin. Si nous nous mettons ensemble, il n'y a pas de raison que le Niger ne soit pas dans le concert des grandes Nations de football.