Niger : Un nouveau Président après Tandja
Niger: Mahamadou Issoufou enfin !
Mahamadou Issoufou a trébuché deux fois face à Mamadou Tandja, en 1999 et en 2004, il est défait de nouveau par le même Tandja. cette fois en 2011, après dix années passées à l'opposition, il tient enfin sa revanche, puisqu'en attendant les résultats définitifs qui seront proclamés par la Cour constitutionnelle de transition, la CENI a livré hier 14 mars, soit 48 heures après le second tour, les résultats provisoires des urnes.
Mahamadou Issoufou, leader de la Coordination des forces démocratiques pour la République (CFDR), a obtenu 57,95% ; Seini Oumarou, porte-drapeau de l'Alliance pour la réconciliation nationale (ARN), lui, a engrangé 42,05%. Sans surprise donc l'enfant terrible de Tahoua a été déclaré vainqueur de cette présidentielle. Mais le raz-de-marée devra attendre, l'effet Tandja ayant encore joué à ce second tour.
L'alternance a donc eu lieu au Niger, via une transition militaire réussie d'une année. Le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD) avait promis de restaurer la démocratie, il a tenu parole. Au pas de charge, 6 scrutins ont été organisés en 6 mois avec le bouquet final qu'est cette présidentielle du 12 mars 2011.
Ce qui se susurrait dans tout Niamey a donc été officialisé hier 14 mars au Palais des congrès. A 11H30 (Soit 10H30 GMT), le président de la CENI nigérienne, Abdramane Ghousmane, et ses collaborateurs feront leur entrée dans la salle où les attendaient des militants des partis, les observateurs, la presse et quelques autorités. En 5 mn la messe était dite puisque la veille les résultats par région avaient été livrés.
Les résultats globaux provisoires sont donc les suivants :
nombre de communes : 266 ;
nombre d'inscrits : 6 740 046 ;
nombre total de votants : 3 246 632 ;
suffrages exprimés valables : 3 141 887
Mahamadou Issoufou : 1 820 639 voix, soit 57,95% ;
Seini Oumarou : 1 321 248 voix, soit 42,05%.
Le taux de participation est de 48,17% avec des variations dans les régions. Ainsi dans la capitale il n'a pas franchi la barre des 40%. Explication : Comme dans d'autres capitales africaines, l'élite intellectuelle et la jeunesse qui y résident sont des contestataires indécrottables certes mais sont rarement présents dans les urnes, certains n'ayant même pas de cartes d'électeurs.
A l'évidence, Niamey n'a pas échappé à cette tradition. Dans l'ensemble à ce second tour, 51,83% de Nigériens sont restés chez eux le samedi passé. A l'annonce des résultats qui était retransmise en direct à la Radio et à la télévision publique, c'était des scènes de joie dans la ville. Tous les leaders de la coordination des forces démocratiques pour la République (CFDR) et une foule de militants ont fait le tour de la ville dans l'après-midi d'hier pour s'arrêter au siège de la campagne où le nouveau président a fait sa première déclaration.
Remerciements à ses militants, au peuple nigérien et promesse de gouverner de façon démocratique et consensuelle ont été la quintessence de cette adresse de Mahamadou Issoufou. Commentaire amusé d'un collègue d'un journal en ligne : "Il reste maintenant le partage du pouvoir entre Issoufou et ses alliés, à commencer par Hama". La première lecture qu'on peut faire de ce second tour est qu'on tient à une petite lumière sur le score du leader du MNSD au premier tour et au second : il y a bel et bien un effet Tandja qui tarde à s'estomper (lire encadré). Dans l'ensemble, les Niamyens ont accueilli ces résultats comme un soulagement car le début d'une nouvelle ère commence pour le pays. Croient-ils à un retour définitif des militaires dans les casernes ?
Car on sait qu'en 1996 c'est au regard de l'incapacité des civils à s'entendre que le général Ibrahima Baré Maïnassara avait été obligé de faire irruption dans l'arène politique. Quartoze ans après, le général Salou Djibo devait encore arbitrer face à l'avancée du Tazartché. Les vainqueurs de ce scrutin majeur sont conscients qu'ils doivent éviter d'offrir un terreau favorable aux soldats. "Nous sommes obligés de nous entendre pour empêcher le MNDS de se revigorer et même la CDS de Mahamane Ousmane d'émerger encore... notre mariage est donc un mariage de raison", nous dira le quadra Oumar Tchana, SG du MODEN. D'ici quelques jours la Cour constitutionnelle transitoire devrait valider les résultats et en principe le 6 avril prochain, le nouvel élu devrait prêter serment pour devenir officiellement le président de la République du Niger.
L'effet Tandja
N'en déplaise aux anti-Tazartché, il y a bien un effet Tandja qui est toujours omniprésent au Niger. Beaucoup d'analystes s'étaient étonnés du score de son héritier Seini Oumarou au premier tour (23,22%). Pourquoi avoir rejeté son mentor qui a fini par être renversé et lui donner autant de voix ? En vérité ces suffrages s'expliquent par le fait que le MNDS est un parti-Etat qui est électoralement bien implanté partout dans le pays.
Mais surtout, l'image de Tandja est encore vendable. D'ailleurs à ce second tour Seini Oumarou utilisait les pancartes (confectionnées pour le Tazartché) à l'effigie de Tandja pour battre campagne.
Liens Pertinents Selon les témoignages, à l'exception de Seyni Kountché, Mamadou Tandja est le seul président qui connaît chaque hameau du Niger pour y avoir séjourné. Mieux, il a donné des crédits (pour l'embouche bovine, pour le petit commerce, pour la culture maraîchère...) aux paysans et éleveurs si fait qu'il demeure populaire chez ces populations qui vont toujours aux urnes.
Au demeurant, c'est grâce au vote de ceux de Zinder et surtout de Maradi (Est du Niger) que le raz-de-marée a été stoppé et que finalement Seini Oumarou a obtenu ses 42%.
Il le doit à son pygmalion politique, l'illustre prisonnier de Kolo, localité située à 25 km de Niamey.
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