Il faut reformer le FMI et la Banque Mondiale
Il faut reformer le FMI et la Banque Mondiale
Dans le cadre de la célébration du mois de l'histoire des afro-américains, le Centre culturel de l'Ambassade des Etats-Unis d'Amérique au Niger a organisé, samedi dernier, à l'IUT de Tahoua une conférence-débat dont le thème est : La crise économique mondiale, ses causes et ses conséquences. Cette conférence a été animée par Yousouf Mayaki, Phd, économiste, enseignant-chercheur à l'Université Abdou Moumouni de Niamey.
C'est devant un public composé d'étudiants, d'enseignants, des agents des banques et des personnes intéressées par le sujet, que Youssouf Mayaki a animé la conférence. Il a d'abord commencé son exposé par la genèse de la crise à travers ses manifestations en remontant à l'année 2001, pour rappeler ce qu'on appelle l'éclatement de la bulle des "nouvelles technologies", ce qui a entraîné de 2OO2 à 2OO6, un gonflement de la bulle immobilière aux Etats-Unis. Il y a eu une fuite des capitaux du secteur des nouvelles technologies vers la recherche d'un nouveau débouché qui offre la même rentabilité. Ces capitaux ont ainsi précipité le gonflement de la bulle immobilière.
Dans cette euphorie d'une hausse continuelle des prix de l'immobilier, des crédits ont été accordés aux salariés pauvres américains. Il s'agit de prêt " subprime ", qui selon les spécialistes, est un crédit risqué à taux élevé. Le taux directeur de la réserve fédérale américaine est passé de 2 % à 5,75% en trois ans. On est ainsi arrivé à la situation où les emprunteurs, de plus en plus nombreux ne peuvent plus honorer leurs échéances. Leurs logements sont vendus aux enchères avec comme effet la baisse des prix de l'immobilier et donc la valeur des hypothèques. Le désastre est immense : Entre 2004 et 2OO7, 1,2 millions d'américains sont chassés de leurs logements. La conséquence de cette situation, a expliqué le conférencier, est la faillite du marché, avec en juillet 2007 la chute des organismes de prêts hypothécaires notamment American Home Mortagage, Bear Stearn, BNP Paribas. En Août et septembre la descente aux enfers se poursuit avec la faillite spectaculaire de Lehman Brother's, la 4ème banque d'investissement à Wall Street. La crise monétaire est devenue crise financière. Les faillites, et aussi les interventions des banques centrales se multiplient aux USA, en Europe, au Japon, en Angleterre. La crise s'est internationalisée. De grands groupes sont rachetés ou nationalisés. L'aggravation de la crise en septembre 2OO8 a obligé les Etats à racheter les banques pour éviter leur faillite. Des plans de sauvetage, sont mis en place et des textes sont adoptés. Entre autres questions soulevées à partir de cette crise, le conférencier a parlé de la fragilité du système financier qui fonctionne sur du virtuel, l'absence de régulation et de contrôle, d'où une certaine anarchie qui ne dit pas son nom. Aussi ce qui est aberrant, selon Yousouf Mayaki Phd, les surplus financiers mondiaux, notamment ceux des pays émergeants ne financent pas la création de valeur ajoutée, mais plutôt le déficit américain la surconsommation américaine. Tout ceci a amèné le conférencier à relever l'inefficacité des institutions de Bretton Woods qui n'ont pas su anticiper la crise. Il faut, selon lui reformer ces institutions dans le sens d'une meilleure allocation des ressources financières au niveau mondial en incitant davantage le déplacement des flux financiers vers l'Afrique dans des investissements productifs plutôt que de spéculer à Londres, New York, Paris. Aussi, il a suggéré la mise en place de nouvelles régulations supranationales pour empêcher la formation de bulles financières, la moralisation du système grâce à des acteurs plus soucieux de synchroniser la sphère réelle et celle financière, car la déconnexion actuelle favorise les richesses artificielles.
La crise, a aussi relevé le conférencier, a fragilisé la position des pays producteurs de matières premières, notamment énergétiques comme l'uranium et le pétrole, dont la baisse des prix s'explique par la faible demande et les tensions extrêmes sur les marchés financiers et le ralentissement économique. Pour ce qui est du cas de l'Afrique où les impacts sont dans un premier temps sous-estimés, il y a un qui est réel et non négligeable du fait des fonds occidentaux en quête de diversification de leurs investissements qui ont injecté beaucoup d'argent en Egypte, en Afrique du Sud, au Maroc et des entreprises financières qui sont en partenariat avec les banques occidentales et qui voient leur capacité de prêter réduite. Pour le conférencier, les leçons à retenir de cette crise, sont entre autres la réhabilitation du rôle de l'Etat dans l'économie de marché, compter moins sur l'aide et plus sur les investissements étrangers directs, ce qui nécessite une bonne gouvernance économique pour les attirer, une reforme des institutions de Bretton Woods, le développement des relations Sud-Sud ; Amérique latine-Afrique-Asie, la création des entreprises industrielles, mêmes étatiques, la formation des ressources humaines de très haut niveau capable de transiger sans complexe avec l'élite mondiale.
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