Tunisie : la rue veut éffacer le règne de Ben Ali
Tunisie : quatre ministres démissionnent, le gouvernement contesté
18.01.10
Une centaine de Tunisiens qui manifestaient contre le gouvernement de transition de Mohamed Ghannouchi ont été dispersés par la police, à Tunis, mardi 18 janvier.AFP/FETHI BELAID
Au lendemain de la présentation à Tunis d'un gouvernement de transition, trois jours après la fuite de l'ancien président Zine El-Abidine Ben Ali, Mohamed Ghannouchi doit faire face à plusieurs coups durs : la démission de plusieurs de ses ministres, mais aussi des critiques d'opposants et de manifestants estimant que le nouveau cabinet accorde trop de place aux cadres de l'ancien régime.
Trois personnalités de l'opposition font partie du gouvernement d'union, mais les portefeuilles-clés de l'intérieur, de la défense, des finances et des affaires étrangères n'ont pas changé de mains.
- Démission d'au moins quatre ministres
Moins de 24 heures après la formation du gouvernement, plusieurs ministres ont déjà démissionné. Dans un premier temps, les trois représentants de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) se sont retirés du gouvernement de transition. "Nous nous retirons du gouvernement à l'appel de notre syndicat", a déclaré M. Dimassi qui avait été nommé la veille ministre de la formation et de l'emploi. Abdeljelil Bédoui, ministre auprès du premier ministre, et Anouar Ben Gueddour, secrétaire d'Etat auprès du ministre du transport et de l'équipement ont également démissionné.
La puissante centrale syndicale, qui a joué un grand rôle dans les manifestations ayant provoqué la chute de Ben Ali, avait demandé dans la matinée à ses trois représentants de se retirer, affirmant qu'elle "ne [reconnaissait] pas le nouveau gouvernement".
Peu après, le Forum démocratique pour le travail et les liberté (FDLT) a annoncé la suspension de sa participation dans le gouvernement d'union nationale où il avait un ministère. Le chef du parti, Mustapha Ben Jaâfar, nommé lundi ministre de la santé, "a décidé de suspendre sa participation dans le gouvernement", a déclaré Abdellatif Abid, membre du bureau politique du parti.
"Il n'a pas prêté serment, en attendant la fin de consultations avec le premier ministre, concernant des demandes du FDLT qui concernent la composition du cabinet", a ajouté M. Abdellatif Abid. Il a ajouté que "ces consultations se tiennent en coordination avec l'UGTT". Selon la chaîne d'information I-Télé, la ministre de la culture, Moufida Tlatli, issue de la société civile, aurait aussi démissionné.
Par ailleurs, les syndicalistes siégeant au Parlement et à la Chambre des conseillers (équivalent du Sénat), "ont démissionné", a ajouté un porte-parole. La centrale syndicale s'est également retirée du Conseil économique et social.
- Les opposants d'Ettajdid menacent de quitter le gouvernement
Le parti d'opposition Ettajdid (ex-communiste) a de son côté menacé de quitter le gouvernement d'union nationale, à moins que tous les ministres qui étaient membres de l'ancien parti au pouvoir ne démissionnent de cette formation. Dans un communiqué, Ettajdid (Renouveau) a exigé la démission de tous les ministres membres du Rassemblement démocratique constitutionnel (RCD), le parti du président déchu Ben Ali, soit, notamment, le premier ministre, Mohamed Ghannouchi et les ministres de l'intérieur, de la défense, des affaires étrangères et des finances.
Le parti d'opposition a aussi demandé le gel des biens du RCD, "parce qu'ils appartiennent au peuple" et la dissolution de "toutes les cellules professionnelles du RCD", implantées dans la quasi-totalité des entreprises du pays. Si ces demandes ne sont pas satisfaites de "manière urgente", Ettajdid menace de "revoir sa participation au gouvernement".
- Le premier ministre défend le maintien de ministres de Ben Ali
Les ministres issus du RCD qui ont été maintenus à leur poste ont toujours agi pour "préserver l'intérêt national", s'est justifié le premier ministre, Mohamed Ghannouchi sur la radio française Europe 1. "Ils ont gardé leur portefeuille parce que nous avons besoin d'eux dans cette phase" de construction démocratique, a affirmé le chef du gouvernement, soulignant le "grand enjeu de la sécurité" dans cette période de transition. "Tous ont les mains propres, (...) une grande compétence. Ils ont du mérite. Grâce à leur dévouement, ils ont réussi à réduire la capacité de nuisance de certains. Ils ont manœuvré, tergiversé, gagné du temps pour préserver l'intérêt national", a-t-il insisté.
Le gouvernement de transition n'est que provisoire et a pour mission de s'attaquer aux problèmes économiques à l'origine des émeutes et de préparer des élections pluralistes, a renchéri Kamel Morjane, ministre des affaires étrangères, lors d'une conférence de presse. "Nous ne devons pas oublier que son objectif est clair et que sa durée a été clairement précisée, légalement et par l'accord de toutes les parties", a ajouté l'ancien ministre de Ben Ali maintenu dans ses fonctions.
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