L’Etat en guerre contre la surchage des camions
L’Etat en guerre contre la surchage des camions
Le ministre de l'Equipement, M. Lamido Moumouni Harouna, celui des Transports et de l'Aviation Civile, M. Amadou Nouhou, et le ministre chargé des Relations avec les Institutions de la République, M. Salifou Madou Kelzou, agissant au nom du ministre du Commerce empêché, ont animé hier, dans la salle de réunion du Ministère de l'Equipement, une conférence de presse sur la charge à l'essieu.
Ont aussi pris part à cette conférence, les cadres centraux des ministères concernés. Le ministre de l'Equipement a d'abord fait la genèse de l'application, par notre pays, de cette politique de pesage à l'essieu qui rentre dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie des transports routiers. L'Etat, a-t-il indiqué, s'est doté d'une législation sur le contrôle de poids et des gabarits des camions de transport. A cette législation nationale est venue s'ajouter celle adoptée dans le cadre communautaire de l'UEMOA à travers le règlement N°014-2005/CM/ UEMOA du 16 décembre 2005 relatif à l'harmonisation des normes et des procédures de contrôle du gabarit, du poids et de la charge à l'essieu des véhicules lourds de transport de marchandises dans les états membres de l'UEMOA.
Le ministre Lamido Harouna a indiqué que l'inexistence de voie ferrée, la quasi-absence de voie navigable et le faible développement du transport aérien intérieur et régional dans notre pays, font de la route le seul mode de transport en mesure d'assurer l'acheminement des biens et le déplacement des personnes sur tout le territoire national. En effet, a-t-il dit, les transports routiers représentent plus de 90% en volume, tous modes de transport confondus. Ainsi, les infrastructures routières doivent favoriser l'investissement privé, améliorer les facteurs de production et créer un cadre propice à l'accélération de la croissance.
C'est pourquoi le gouvernement s'est doté d'une stratégie nationale des transports routiers visant le désenclavement interne et externe du pays et la préservation du patrimoine existant. Le ministre de l'Equipement a aussi fait une présentation sommaire du réseau routier du pays. Il en ressort que la longueur totale du réseau routier nigérien est de 18.949 km dont 3912 Km de routes bitumées. De 2000 à 2008, le gouvernement a investi 180 milliards de francs CFA dans la réhabilitation et l'entretien des routes.
Une partie importante de ces investissements est constituée de prêts remboursables par les contribuables nigériens. Le ministre Lamido Moumouni Harouna a expliqué que le gouvernement déploie d'énormes efforts pour construire et entretenir des routes dont le coût de réalisation est très élevé. Le ministre de l'Equipement devait aussi préciser qu'au Niger, une route est construite pour une durée de vie généralement de 15 à 20 ans. Mais du fait des effets des surcharges, on assiste à une dégradation prématurée des tronçons ayant pour conséquence la réduction de cette durée de vie qui peut être ramenée à 5 ans.
Par exemple a-t-il dit, un passage d'un camion surchargé au double de la charge normale équivaut à 18 passages du même camion transportant la charge normale. Cette situation, selon le ministre de l'Equipement, a amené les pouvoirs publics à réinvestir, plus tôt que prévu, d'énormes ressources qui auraient pu être orientées vers le développement d'autres secteurs. Les surcharges induisent également selon lui, une augmentation des charges d'exploitation du matériel roulant, provoquent des accidents et allongent les délais de livraison des marchandises. ''Dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégique des transports routiers, l'Etat s'est doté d'une législation sur le contrôle de poids et des gabarits des camions de transport'' a indiqué le ministre Lamido qui a ajouté qu'à cette législation nationale, est venue s'ajouter celle adoptée dans le cadre communautaire de l'UEMOA à travers le règlement N°014-2005/CM/UEMOA du 16 décembre 2005 relatif à l'harmonisation des normes et des procédures de contrôle du gabarit, du poids et de la charge à l'essieu des véhicules lourds de transports de marchandises dans les états membres de l'UEMOA.
Notre pays, qui dispose déjà de trois postes de pèse-essieux fixes à Dosso, Sorey, et Makalondi, a commencé l'application de la réglementation en procédant au contrôle du poids des véhicules lourds sur ces trois sites dès 2005. Cette mise en application de la réglementation a, devait-il relever, soulevé une levée de bouclier des syndicats du secteur et de la population, vue la hausse généralisée des prix des produits de première nécessité. C'est ainsi que ''des assouplissements ont été apportés à travers des notes circulaires du ministre de l'Equipement, par une réduction des pénalités infligées en cas d'infraction,'' a indiqué le ministre lamido qui a rappelé aussi que c'est à la demande des syndicats que le démarrage de l'application de la réglementation initialement fixé au 15 octobre 2008 a été reporté une première fois au 1er novembre 2008 puis au 1er janvier 2009.
Mais a ajouté le Ministre de l'Equipement, "le caractère non dissuasif de ces circulaires a entraîné une hausse des surcharges occasionnant d'énormes dégâts sur le réseau routier tel que relevé dans les rapports de suivi du réseau des services techniques du Ministère de l'Equipement. Le pointage effectué au niveau des postes de pesage est tout aussi révélateur, a indiqué M. Lamido Moumouni Harouna. "Au premier semestre 2008 par exemple, sur 16.270 camions pesés au niveau des trois postes de pesage, 13.055 soit 80% sont en infraction. Il n'est pas rare de voir un camion peser plus de 110 tonnes alors que son poids total en charge autorisée ne doit pas excéder 51 tonnes", a-t-il ajouté.
Le ministre Lamido a conclu qu'en toute responsabilité et dans l'intérêt supérieur de la Nation, le gouvernement a décidé de l'application effective du règlement N°014 de l'UEMOA après avoir organisé un forum qui a regroupé tous les acteurs de la chaîne des transports et procédé à une large diffusion des conclusions de ce forum. En dépit de toutes ces concertations et du consensus obtenu de toutes les parties autour de l'application du règlement n°14 de l'UEMOA, certains opérateurs économiques ont délibérément décidé de ne pas respecter cette réglementation, provoquant ainsi un engorgement au niveau du poste de pesage de Makalondi où 258 camions sont stationnés à la date du 15 mars 2009.
Le débat qui suivi l'exposé du ministre a donné des éclairages sur l'état de vétusté de notre parc auto. A ce sujet, le ministre des Transports et de l'Aviation civile, M. Amadou Nouhou, a indiqué que le parc auto date des années 79-80, du boom de l'uranium. Les gros porteurs qui font le transport des marchandises ont plus de 25 ans. Le ministre Amadou Nouhou a expliqué que les transporteurs du Niger ont plutôt un problème d'infrastructures roulantes adaptées.
C'est pourquoi, le Ministère en charge des Transports a mis en place un comité qui est en train de réfléchir sur la manière de permettre aux commerçants et à la SNTN d'avoir accès à des lignes de crédit pour renouveler le parc auto d'ici deux (2) ans, avec notamment le démarrage effectif des activités minières, a-t-il conclu.
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