Les filles vendeuses de rue de Zinder
Dix heures du matin au marché " Dolé " de Zinder. Nana Hadiza et Fassouma, un plateau sur la tête, proposent des noix de cola aux passants. Cela fait un peu plus d'une heure qu'elles ont quitté leur quartier de Garin Mallam. Dans cette mêlée indescriptible où s'embrouillent véhicules de toute marque, moto taxis et déconcertants coups de klaxon, elles cherchent des clients.
Toutes deux n’ont guère plus de douze ans. Leur particularité : vendeuses ambulantes. Elles n'ont jamais mis les pieds dans une salle de classe.
Lce petit commerce leur permet de subvenir à leurs besoins, voire de préparer le trousseau de leur mariage. Confrontées à plusieurs difficultés sur les plans sanitaires, nutritionnels, éducatifs et sociaux, ces jeunes filles comme la plupart d'entre elles ne pensent qu'à leurs recettes journalières.
" L'essentiel, c'est de ne pas rester les bras croisés " poursuit-elle en retournant négligemment les noix de cola. Non loin de là, sa voisine immédiate, une jeune fille d'une vingtaine d'années vend de la boule. Ex-élève, elle a été victime d'un mariage forcé, alors qu'elle était en classe de 5ème. Cela lui permet d'entretenir l'unique enfant qu'elle a eu d'avec son ancien mari.
Qu'importe le métier affirme Haouaou, pourvu qu'on survive. Dans un milieu pauvre et dérivant vers l'individualisme, les filles déscolarisées ou non scolarisées, malgré elles, montrent l'exemple. Elles sont nombreuses dans la communauté urbaine de Zinder à offrir leur service comme vendeuses de cola, de boule, de beignets ou de " kopto ", ces feuilles préparées et dont sont friands bon nombre de Nigériens.
Elles sont l'illustration que la quête de l'émancipation n'est pas une théorie, mais un comportement qui se nourrit de courage et d'actions.
Une étude sur la " problématique de la scolarisation des filles au Niger, cas du village de Sadakaram dans la commune 2 de Zinder " fait ressortir que les activités économiques des villages de cette commune sont essentiellement le petit commerce caractérisé par la vente de boule, de l'arachide et dans une moindre mesure de cola, exercé par les jeunes filles. Dès le bas âge, indique l'étude, les filles sont préparées à la vente de produits. Elles suivent leurs aînées, apportent la boule aux clients, récupèrent les calebasses et petit à petit, elles s'initient.
Cependant, rares sont les filles dont les revenus de la vente dépassent 2000F CFA par jour. Pour la plupart, les recettes journalières tourne autour de 1000 à 1500 F CFA. Mais, elles sont aussi dans l'obligation de le faire pour aider leur mère à subvenir aux besoins de la famille.
Bulletin : REGARD
Trimestriel d’information du Réseau des Communicateurs en Population et Développement - N°02 - Juillet 2009
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